Pendant l'automne et l'hiver, elle garde souvent le lit, malgré les soins médicaux et les prières ferventes qui l'entourent, il n'y a aucune amélioration dans sa santé.
Ses pensées vont constamment vers ce pays où elle est restée pendant six ans, et il y a quelque chose qui l'obsède précisément ; elle avait (poussée par une inquiétude divine) visité une pauvre veuve chargée d'enfants. Cette dernière avait avidement accepté le message du salut, ainsi que sa belle fille lors de la deuxième visite que leur fit Joy avant son retour.
La femme veuve commençait à subir la persécution de la part de ses semblables, et une pensée obsédait Joy : « Si je pouvais seulement lui faire apprendre par cœur un verset de la Bible , et qu'elle le sache bien, ce serait une arme pour elle contre le péché et la tentation.
Elle y retourna donc, et essaya de lui faire mémoriser un verset. Ce fut très difficile, la femme était affaiblie par les privations, le manque de nourriture, le souci et l'anxiété, et tout en repartant, Joy pensait : « Quel dommage de ne pouvoir lui laisser ma voix qui aurait répété inlassablement les mêmes paroles, et à la fin, cela se serait resté gravé dans sa mémoire.
Joy retourna à Los Angeles. Malgré des résultats médicaux défavorables, elle pensa : « Je dois me réjouir, Dieu va accomplir des choses magnifiques. Elle remercia le Seigneur, jusqu'à ce que, par un acte délibéré de foi, la joie et l'expectative eurent raison de sa déception »
Elle brûlait du désir lancinant de faire quelque chose pour tous ces gens isolés et ignorants, dispersés dans les montagnes du Honduras, puis soudain, elle revit en pensée les bars de là bas, d'où les sons rauques et nasillards des disques de phonographes atteignaient les gens et les captivaient.
L'idée germa alors d'éditer des disques évangéliques en espagnol ; Ce fut la première étape d'une longue série, et d'un long processus, pour découvrir la meilleure organisation pour l'enregistrement, les meilleures méthodes d'empaquetage et d'expédition, le meilleur phonographe pour enfin arriver au tourne cassette à manivelle à main, mais j'y reviendrai plus loin.
Après la publication de disques en espagnol, j'abrège, bien sûr, la petite équipe (car Joy s'était entourée de collaborateurs bénévoles), voyagea dans différents lieux pour étendre l'œuvre.
Elle se rendit dans les Philippines, et en Alaska. Les demandes de disques affluaient de partout, Pérou, Chili, Porto Rico, Colombie etc…
Il y eut des bénédictions incroyables, mais aussi des assauts ; Joy savait qu'elle devait affronter l'inévitable conflit spirituel inséparable de toute pénétration dans le territoire du prince des ténèbres. Cela allait se présenter sous toutes sortes de formes : lenteurs, frustrations, perplexités, tromperies de la part des natifs méfiants, de soudaines et inexplicables maladies et j'en passe, et parfois aussi, certaines difficultés à discerner clairement la volonté divine.
Pour vous donner une idée de la progression de la tache accomplie : En Mai 1940, 11 disques à double face étaient prêts à l'expédition.
En 1958, 2 millions de disques édités et expédiés avec 1904 langues enregistrées, et ceci avec les moyens de l'époque, ne l'oublions pas !!
Toute la vie de Joy était mue par ce mot d'ordre : Se réjouir, même si on a envie d'abandonner la tâche, se souvenir des promesses de Dieu, le louer pour les grandes choses qu'Il fera encore à notre égard en nous accordant la victoire.
Nous continuons le voyage. Les besoins des Indiens Navajos de l'Arizona furent exposés à Joy, la vision était très vaste. Elle se lança sur cette nouvelle piste. Dès qu'elle eut la conviction que cet ordre venait de Dieu, elle n'hésita plus. « Seigneur, dit-elle, je ferai des enregistrements dans autant de langages que tu le désires, et je me confie en toi pour tout ce dont j'aurai besoin dans cette entreprise. Je te suivrai sur ce point aussi loin et pour autant de peuples que tu le voudras.
L'équipe continua alors, elle retourna aussi au Honduras. Désormais, il sera question d'enregistreurs itinérants, chasseurs de langages. Il y eut aussi l'achat d'un magnétophone pour remplacer l'encombrante installation d'enregistrement. Et tout ceci par la foi, et grâce aux dons. Quelqu'un a dit : « Pour recevoir de grandes choses de la part de Dieu, le secret consiste à être capable d'attendre et de tenir bon pendant la dernière demi-heure. »
Voici un exemple de la manière dont se déroule un enregistrement, après quelque temps d'expérience, bien sur :
Quatre personnes côte à côte, Joy prend le microphone et parle. Elle passe ensuite le micro à la missionnaire qui est à côté d'elle. Celle-ci répète la même phrase en langue IBANOG au petit homme âgé qui écoute attentivement et qui prononce les mêmes paroles dans son dialecte à lui. Puis le jeune Négrito qui comprend ce langage (le Négrito Palanan) traduit à haute voix dans son idiome la phrase qu'il a entendue.
Vous imaginez la réaction des deux lorsqu'on leur fit entendre leurs propres voix : ce furent des rires explosifs, et hilarants ! que rien ne pouvait arrêter. Il faut des heures pour enregistrer le message en entier. Tout ce que dit le Négrito est vérifié et traduit en Anglais.
Bien sur, cela va changer la vie des missionnaires qui se sentaient impuissants devant ces gens dont ils ne parlaient pas la lange.
La petite équipe s'attaqua ensuite à une petite tribu de pygmées en voie d'extinction, qu'on appelait les WAKINDIGA, et à leur procurer des disques. Vous imaginez leur joie à tous. Ces soirs-là, sous le ciel d'Afrique, à la clarté des étoiles, les petits habitants de la brousse écoutèrent, haletants, la voix de leur propre chef, leur annoncer que le Seigneur Jésus dans le ciel, les aimait et leur promettait la paix et la joie du cœur s'ils se confiaient en Lui.
Par la suite, et pour terminer, l'idée vint à l'équipe de publier le contenu des disques sous forme de livres dans le but d'encourager les indigènes à apprendre à lire. Chaque disque fut copié mot à mot. Il y a déjà des livres pour l'enseignement de la lecture, mais certaines personnes sont trop fières pour les utiliser et se soumettre à cette méthode, alors elles préfèrent apprendre à lire à partir des disques.
Je voudrais revenir sur la question du phonographe qui fut un sujet très préoccupant pour Joy. Elle disait autour d'elle : « Priez pour que Dieu nous vienne en aide et qu'Il nous permette de construire un phonographe actionné à la main, bon marché, sans moteur, que n'importe qui puisse mettre en marche, et dont le mécanisme ne se détraque pas facilement. »
Elle fit donc part de ce besoin pressant à un nouveau collaborateur STUART MILL, qui s'y attaqua sérieusement ; en même temps, il voyageait pour capter les langages des îles Salomon.
Enfin, c'est en 1957, en Australie, qu'il y eut un résultat après de nombreux essais : un phonographe dans une toute petite boite, au prix de revient raisonnable, un instrument solide, sans moteur, léger à transporter, avec un disque faisant 78 révolutions à la minute et pas plus, quelle que fut l'allure à laquelle on tournait la manivelle.
On l'utilisait parfois sans discontinuer durant un mois d'affilée. Il marchait toute la nuit dans les villages et ceux qui l'avaient apporté se plaignaient de ne pouvoir dormir !!
Pour conclure cette historique, je voudrais vous dire ce que Joy a répondu lorsqu'on lui a demandé ce qui était, selon elle, le secret de cette activité bénie ; que croyez-vous qu'elle ait répondu : (silence de quelques secondes pour la réflexion personnelle)
Chantez à l'Eternel un cantique nouveau, chantez ses louanges aux extrémités de la terre.
Pour Joy, la louange et la reconnaissance importaient avant tout. C'était le chant de la foi.
Réjouissez-vous, je vous le dis, réjouissez- vous quels que puissent les circonstances et les obstacles.
Pourquoi se réjouir ? Pas toujours pour ce que l'on est en train de vivre, mais comme il a déjà été dit au début, pour les choses magnifiques que Dieu va accomplir. Il faut remercier le Seigneur par un acte délibéré de la foi jusqu'à ce que la joie et l'expectative l'emportent sur notre déception du moment présent.